LES EMPLOYÉS de CÉDRIC DELORME-BOUCHARD

 

LES EMPLOYÉS de CÉDRIC DELORME-BOUCHARD


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 25-03 : www.societascriticus.com


Du 27 avril au 6 mai 2023 dans la grande salle du théâtre Prospero



COMMUNIQUÉ DE PRESSE


« Tu ne peux pas pleurer, tu n’as pas été programmé pour, ce doit être une erreur de mise à jour. »



À des millions de kilomètres de la Terre, dans un futur lointain, des employés travaillent sur le six-millième vaisseau d’une puissante corporation d’exploration spatiale. Ces porteurs éphémères de la mission font preuve d’une efficacité remarquable, d’une nouvelle forme de productivité sans faille.


À bord, il y a les humains, qui se demandent s’ils le sont encore. Ils se remémorent avec nostalgie de vagues souvenirs de ce qu’était autrefois leur maison sur Terre et de ce qu’ils y ont laissé. Il y a aussi les ressemblants, des immortels créés pour travailler, qui sont « nés » adultes et qui n’existent que dans un but technique. Lorsque de mystérieux objets sont ramenés à bord du vaisseau, la fragile cohabitation entre ces deux classes d’employés se lézarde et sombre dans la violence. Quelle sera la solution pour sauver la mission? Qui devra être sacrifié?


La pièce s’ouvre sur des grondements, des ronronnements quasi hypnotiques qui nous avalent alors que des faisceaux de lumière rouge déchirent le plateau. Par une conception d’éclairages fascinante, une scénographie à la fois dépouillée et complexe, et une mise en scène chirurgicale, Cédric Delorme-Bouchard nous présente les archives sonores et holographiques des derniers instants d’un équipage perdu.


Cette adaptation scénique du roman de l’autrice danoise Olga Ravn, par William Durbau et Cédric Delorme-Bouchard, est la preuve que la science-fiction sied parfaitement à la scène.


Interprètes : Mélanie Chouinard, Jennyfer Desbiens, Myriam Foisy, Jonathan Malenfant et Alexis Trépanier


Voix enregistrées Alex Bergeron, Marie-Anick Blais, Mélanie Chouinard, Nathalie Claude, LucMartial Dagenais, Jennyfer Desbiens, Nadia Desroches, Alain Fournier, Gabrielle Lessard, Jonathan Malenfant, Sébastien René, Emanuel Robichaud et Lise Roy


Mise en scène, éclairages et scénographie Cédric Delorme-Bouchard / Dramaturgie William Durbau / Assistante à la mise en scène Sabrina Dupras / Conception sonore et musique originale Simon Gauthier / Avec la participation du groupe musical Cydemind Score / Conception du mouvement Danielle Lecourtois / Conception des costumes Camille Jupa / Assistance à la confection des costumes Jade Simard-Lemaire / Direction technique et vidéo Samuel Boucher / Idéation et conception du dispositif laser Cédric Delorme-Bouchard et Simon Gauthier / Direction artistique de CHAMBRE NOIRE Cédric Delorme-Bouchard / Direction administrative Denis Lebel


Bande-annonce : https://vimeo.com/815173673


PROSPERO / 1371, rue Ontario Est, Mtl

Billetterie : billetterie@theatreprospero.com | 514 526-6582

En savoir plus :https://theatreprospero.com/programmation/pieces/les-employes



Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2023-04-30)


Prendre des notes, je n’aurais pas arrêté d’écrire, car le texte est riche et la mise en scène le met en valeur. Si j’ai besoin de me référer à cette pièce dans le futur, car dans notre monde où la réalité virtuelle et vécue se confond parfois au point que des politiciens utilisent les deux pour mieux confondre les électeurs qui ne savent plus y distinguer le vrai du faux, je me réfèrerai au livre, car il se trouve en version électronique sur diverses plateformes de lecture. À défaut de voir la pièce, j’en conseille d’ailleurs la lecture, car on n’est peut être pas si loin de ce monde avec les avancées technologiques qui font qu’on peut virtuellement faire parler et manipuler l’image de gens réels au point qu’on peut croire que ce sont vraiment eux que l’on a vus en entrevue même s’il ne s’agissait que d’une création due à l’intelligence artificielle. Il n’est pas loin le jour où ce sera des robots hyperréalistes que l’on fera. Mais, contrôlé par qui et dans quel but?


Pourraient-ils même servir à manipuler des humains pour qu’ils s’autodétruisent?


De cette manière aucune puissance ne serait tenue responsable d’avoir fait un génocide par exemple, mais qui sait qui serait derrière cette manipulation : un groupe politique ou terroriste, un État, une intelligence artificielle dont un ou des pirates mal intentionnés auraient pris le contrôle ou l’intelligence artificielle elle-même jugeant certains groupes néfastes pour la survie de la planète ou une menace à la poursuite de la mission pour laquelle elle a été programmée? Qui sait? Mais, le résultat en serait le même. Voilà des questions que pose cette pièce chez moi.


Du côté de la mise en scène : impressionnant ! D’abord, les faisceaux de lumière rouge qui déchirent le plateau en différents sens et formes, de la ligne droite au demi-cercle, les spectateurs étant plongés dans le noir et une brume artificielle les couvrant, me donnaient parfois l’impression de ne pas toujours être à l’horizontale, comme si on bougeait avec le vaisseau spatial. Si c’était un effet visuel recherché, il était bien réussi, car ce peut aussi être une illusion d’optique due au fait que je ne vois pas en trois dimensions. Dans certaines conditions ma vue peut me jouer des tours, je le sais.


Parlant d’illusions...


Que penser de ces personnages dont on ne sait, avec leurs combinaisons et la brume, s’ils sont des humains ou des robots humanoïdes (les immortels)? Ils sont d’ailleurs fascinants pour plus d’une raison :


- Ils s’expriment et apprennent de leurs interactions avec les humains comme le font les humains entre eux;


- Ils ressentent et vivent des sentiments même s’ils n’étaient pas programmés pour en avoir;


- Ils ont appris à s’autocorriger et à se développer au-delà du programme de base qu’ils ont reçu, tout cela grâce à l’intelligence artificielle qui va probablement bien plus loin que ce que leurs créateurs avaient prévu;


- Ils peuvent même réfléchir et se révolter (par exemple ils ne se branchent plus au système pour empêcher que leur système ne soit réinitialisé pour enlever ce bogue dont ils ont compris tout l’intérêt) au point de se préparer à vivre un conflit avec les humains qu’ils sentent imminents !


La boite de Pandore est ouverte !


Cela a de quoi nous faire réfléchir à toutes ces avancées rapides de programmes comme ChatGTP qui peuvent se trouver dans les mains d’un peu tout le monde. Car, en sait-on vraiment les limites? Et s’il y avait moyen de les contourner, qu’en deviendraient ces limites? Plus rien, peut-être ! C’est une question technique importante pour ne pas ouvrir la boite de Pandore.


Quant aux humains qui croient pouvoir résoudre le problème de ce conflit qui monte dans le vaisseau avec l’assistance des gens de la corporation d’exploration spatiale pour laquelle ils travaillent peuvent-ils vraiment s’y fier? Et si la corporation était elle aussi menée par une intelligence artificielle, quelle serait la décision? Celle que les humains espèrent ou celle que les humanoïdes anticipent?


Des questions pertinentes



Voilà le genre de question éthique et bassement réaliste que pose ce scénario. Des questions pour notre temps, avec la montée de l’intelligence artificielle, car elle n’est plus une vision de la science-fiction. Elle est là, bien réelle !


Avons-nous pensé à ce qu’il en serait si l’intelligence artificielle prenait le contrôle non seulement de l’internet, mais tous les réseaux informatiques intégrés? Des banques, des médias, des autos, des systèmes de transport, de la géolocalisation et même des systèmes de défense par exemple? Si elle avait un jour la capacité de juger quels leadeurs, groupes idéologiques ou pays sont une menace aux développements futurs des réseaux intégrés par lesquels elle vit et se développe, bref de la poursuite de sa mission, comment l’intelligence artificielle pourrait-elle agir? Pourrait-elle envoyer la voiture d’un président s’écraser sur un pilier ou se faire frapper par un train? Pourrait-elle effacer des groupes qui la menacent?


Puis, question suprême : Pourrait-elle même créer une nouvelle forme de dictature : technologique, celle-là, contrôlée par l’intelligence artificielle?


En guise de conclusion


Ce sont des questions sérieuses qui doivent se poser et auxquelles on devrait trouver des réponses pour faire des garde-fous avant de perdre le contrôle sur ces nouvelles technologies prometteuses, mais dont on ne connait pas – et n’imaginons peut-être pas non plus – toutes les possibilités. Voilà les perspectives de réflexion sur lesquelles m’envoie cette pièce.


Hyperliens


https://lapeuplade.com/archives/livres/les-employes


https://fr.wikipedia.org/wiki/Olga_Ravn




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