La laïcité…

 La laïcité…

Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 27-02, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2025-03-23)


Si l'on fait la laïcité, on ne doit pas la faire que pour les autres, mais pour tous. Cela compte autant pour la CAQ, le Parti Québécois et tous les autres partis, tant au provincial qu’au fédéral, selon moi.


Alors, si l’on fait la laïcité stricto sensu, il ne doit pas y avoir de passe-droits. Même les fêtes chrétiennes doivent passer à la trappe. On n’a pas l’excuse de dire que, pour nous, ce n’est pas religieux, mais culturel, comme certains politiciens le disent pour conserver leur droite plus religieuse.


Noël devient alors la fête du solstice d'hiver le 25 décembre. On met une nouvelle fête à l'équinoxe de printemps et l’on enlève le vendredi saint et le lundi de Pâques. On remplace l'Action de grâce par l'équinoxe d’automne, mais on conserve la fête du Québec, qui correspond au solstice d'été, le 24 juin. Si l’on se souhaite bonne Saint-Jean, c’est que l'on va ou que l’on est allé à la messe de la Saint-Jean (1). Sinon, c’est bonne fête du Québec ou bon été, car on ne mêle pas le religieux avec la politique dans la laïcité.


Par contre, si l’on conserve les fêtes religieuses, ce doit être bon pour tous et l’on se situe alors dans la laïcité ouverte. Ce pourrait être l’occasion de revoir le calendrier de ces fêtes pour faire quelques places aux autres qui font aussi partie de nous, surtout si l’on parle d’intégration !


On doit alors conserver Noël et la Saint-Jean-Baptiste (fête du Québec), mais on doit revoir quelques autres fêtes, comme le vendredi saint, le lundi de Pâques et l’Action de grâce pour les remplacer par une fête autochtone, juive et musulmane à la place dans le calendrier des jours fériés. C’est un signe d’ouverture et de paix.


C’est aussi une façon de dire aux autres que le dialogue interculturel/multiculturel est mieux que la guerre, surtout pour des humains qui se battent trop souvent au nom de croyances divergentes envers un dieu qu’ils disent souvent unique, même si ce n’est pas le cas dans toutes les religions (2) et les différentes spiritualités qui existent (3). Si je puis dire, on peut alors penser au Dieu de Spinoza et d’Einstein, où Dieu se retrouve « dans l'harmonie de tout ce qui existe »  comme dans la nature ou l’univers, par exemple :


« Comme le souligne l’historien Simon Veille dans un article écrit pour Le Monde des religions, lorsqu’on lui demande si il croit en Dieu, Einstein répond : "Je crois au Dieu de Spinoza, qui se révèle dans l'harmonie de tout ce qui existe mais non en un Dieu qui se préoccuperait du destin et des actes des êtres humains." » (4)


Tout de même une conception intéressante, où il n’y a pas de raisons de se battre au nom de Dieu, puisqu’il est harmonie et neutralité.


Mais, peu importe nos conceptions divines et spirituelles, on ne peut forcer une laïcité pour les autres, si elle ne nous touche pas, et leur demander de nous comprendre. S’il y a un effort à faire, que ce soit envers la laïcité fermée ou ouverte, on doit le faire collectivement. En ce sens, l’État pourrait prendre à sa charge les églises qui ont une valeur patrimoniale et en faire des espaces interculturels régionaux où il pourrait y avoir des services religieux de différentes religions et spiritualités; mais aussi des activités et conférences scientifiques et culturelles; des expositions; une radio communautaire; une bibliothèque publique, là où il n’y en a pas; etc. Bref, en faire le centre de rencontre du milieu, ce qui se perd trop souvent avec la disparition des églises et des commerces de la rue principale (5), ce tant en région que dans les quartiers des grandes villes qui se dévitalisent à vue d’œil.


Notes


1. Très belle messe d’ailleurs, car j’ai été une fois à l'église Saint-Jean Baptiste à Montréal. C’était en 2019 et j’en parle dans mon texte du 17 juillet 2019 : « Vous avez bien dit laïque? », Societas Criticus, Vol. 21 no 03, Essais :

À BAnQ :

https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/2019/SCVol21no03pdf.pdf

À BAC :

https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/2019/SCVol21no03pdf.pdf


2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Religion


3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Spiritualité


4. Audrey Dumain, "The God Letter" : la lettre exceptionnelle d'Albert Einstein sur Dieu et la religion juive, France Culture, Religions – Spiritualité, 4 décembre 2018 : https://www.radiofrance.fr/franceculture/the-god-letter-la-lettre-exceptionnelle-d-albert-einstein-sur-dieu-et-la-religion-juive-2364166


5. Clin d’œil à La Rue Principale, chanson des Colocs, 1993. Le lien :

https://youtu.be/iVDT02kwD-g?si=Q8Dfd-cyK_YgT8l5

Messages les plus consultés de ce blogue

En réponse aux critiques de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024: Si c'était aujourd'hui, Jésus serait un fluide !

In response to the criticism of the opening ceremony of the Paris 2024 Olympic Games : If it were today, Jesus would be fluid !

Le repli sur soi états-unien et ses effets possibles sur le système mondial !